La promiscuité en pourcentages
Posté par tokyomonamour le 7 novembre 2010
Il faut essayer de prendre le métro pendant les heures de pointe à Tokyo au moins une fois dans sa vie.
Si les pousseurs à gants blancs ayant pour mission de faire rentrer les passagers dans les rames débordantes en les comprimant comme dans une boite à sushi se font rares de nos jours, il est toujours très « challenging » d’essayer la chuo line ou la keihin tohoku line sur les coups de 8h du matin… Si vous êtes sportif ou que vous aimez les challenges, vous pouvez aussi essayer l’expérience avec une poussette, un attirail de kyudo ou une malle de voyage.
L‘organisme de recherche sur les politiques de transport a élaboré une méthode pour calculer le degré de promiscuité dans les trains pour ajuster au mieux l’organisation des lignes et le nombre de rames en fonction du trafic passager.
Les ennuis commencent au franchissement de la barre des 100%. A ce niveau là, vous avez encore suffisamment d’espace pour préserver votre intimité et profiter confortablement du voyage. Mais après, c’est une autre histoire… A 150%, les corps se touchent, même si vous pouvez encore lire le journal. A 200%, vous pouvez encore zieuter un magazine, mais le nez dessus et sans tourner la page, et à 250%, seuil de non retour, vous êtes incapable de faire un geste, coincé entre 6 salaryman man transpirants et 3 ou 4 vieux levés du mauvais pied.
La moyenne tokyoite tourne, en 2008, aux alentours de 170% en baisse constante depuis 1975, date à laquelle la moyenne des rush était à 230% (c’est à cette époque que l’on a les vidéos les plus impressionnantes de scènes de « poussage »). Même si la capitale n’a cessé de croître depuis, les infrastructure n’ont cessé, elles aussi, de s’améliorer à un rythme encore plus rapide: doublement des lignes, creusement de métros, monorails… Tokyo est la ville la plus équipée du monde en équipements de transport en commun. Pourquoi? Pour le bien-être des passagers bien sûr, mais aussi par ce que des taux à 200% et plus ont tendance à créer des incidents voyageurs, qui stoppent les flux et coûtent, d’après une étude de la société ferroviaire keihanshin, 31 yens par minute et par passager… Ce qui fait… un paquet de yens sur une année et justifie en tout cas les investissements en équipements.
L’ouverture complète de la Fukutoshin line en 2008, la nouvelle ligne de la Keikyu vers l’aéroport, à nouveau internationalisé, de Haneda, le nouveau skyliner vers Narita et les projets d’augmentation de capacité de la Denentoshi line devraient encore accélérer la tendance… Pour le bonheur des tokyoites et de ceux qui, comme votre serviteur, doivent encore souffrir la promiscuité des trains matinaux.
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