Pas d’aide sociale pour les étrangers

Posté par tokyomonamour le 20 octobre 2010

Le pourfendeur du racisme et de la discrimination au Japon, Arudou Debito, un américain naturalisé japonais journaliste free lance façon SOS racisme local, présente aujourd’hui un article du Mainichi très intéressant.

Le tribunal de Oita (Kyushu) vient de rendre la première décision concernant l’attribution de l’aide sociale minimale (seikatsuhogo, sorte de RSA) aux résidents étrangers permanents. Décision claire qui fera sûrement jurisprudence : les étrangers devront se démerder par eux mêmes !

D’abord un mot sur le statut de résidence permanente : Pour un étranger, c’est la carte de séjour ultime, qui permet de rester indéfiniment sur le territoire en faisant ce que l’on y veut. Ce statut peut être obtenu par les immigrés ayant vécu au minimum 10 ans dans l’archipel et ayant l’intention d’y vivre jusqu’à leur mort (hone wo uzumeru kakugo de, « avec l’intention d’y enterrer ses os », très belle expression que mon beau père m’a balancé quand j’ai demandé la main de sa fille…). Il existe également un statut de résident permanent spécial attribué aux descendants des habitants des colonies, coréens, chinois et métis notamment (les harkis japonais) mais qui permet lui, bénéficier de l’aide sociale. Les remords du vaincu sans doutes…

Mais pour les autres, c’est peanuts. La vieille chinoise de 78 ans qui, bien malgré elle, vient de marquer l’histoire sociale des immigrés au Japon devra se débrouiller autrement pour continuer à vivre sur place. Le tribunal a en effet assimilé l’attribution de l’aide sociale minimale de vie aux étrangers à une forme de « don » ou de « charité » qui serait contre l’esprit du système. Contrairement à la France, qui distribue ses richesses de façon très libre aux étrangers résidant sur son territoire, même de façon illégale, le Japon à donc décidé, de façon ferme et probablement définitive, de réserver son système de solidarité aux détenteurs de la nationalité japonaise. Point barre.

Décision de bon sens. Ceux qui veulent bénéficier de la solidarité d’une communauté, qu’elle quelle soit, doivent en faire partie. Les invités restent tributaires du jugement de leurs hôtes.

11 Réponses à “Pas d’aide sociale pour les étrangers”

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  1. capray dit :

    bonjour,

    Mais faire partie de cette communauté ne doit pas être uniquement lié au passeport ; si cette personne a contribué par ses impôts et diverses taxes, pendant plusieurs décennies, à la vie du pays, je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas recevoir la même aide que les nationaux (dont un grand nombre reste assez filou avec le fisc).
    Sans tomber dans le laxisme de nos contrées…

    Si le Japon acceptait la double nationalité, peut être que cette originaire de l’Empire de Milieu aurait pris le passeport japonais.

  2. tokyomonamour dit :

    Bonjour Capray.
    Le budget du revenu minimal au Japon est fournit aux 3/4 par Etat, et au 1/4 par les collectivités locales. Je paye donc des impôts comme toi peut-être, au moins sous forme de taxe d’habitation, qui financent ces revenus minimaux. Mais ça ne me choque pas que je puisse pas en bénéficier. Car il ne faut jamais oublier que l’appartenance à une communauté entraîne des droits mais aussi des devoirs et pas uniquement sous forme de billets.

    En cas de guerre, la communauté doit-faire face à l’envahisseur et se regrouper. Est-ce que celui qui ne fait que payer l’impôt et qui était considéré comme un membre de la communauté pourra dire, »je paye plus et je me barre »?… Le concept de solidarité est à double sens: la communauté m’aide quand je suis dans le besoin et j’aide la communauté quand elle a besoin de moi. C’est le principe même de la nationalité. Les immigrés qui veulent bénéficier des avantages (sécurité sociale et autres aides sans cotisations préalables) sans les devoirs (service militaire quand il existe par exemple) veulent le beurre et l’argent du beurre.

    Cette petite vieille n’avait qu’à adopter la nationalité japonaise, ce qu’elle aurait sans doute pu faire vu qu’elle était née dans le pays…

  3. Ost dit :

    Bonjour

    A ce moment, on peut prendre le problème dans l’autre sens:
    si, en tant qu’étranger, un citoyen lambda aide la communauté (en payant des taxes nationales et locales ou autre) et que la communauté refuse de l’aider…

    En fait le problème revient aussi à la définition que ce qu’est la nationalité (ainsi que ses limites). Et chaque pays a sa propre définition et ses « problèmes ».
    Israel et son allégeance, le Japon et ses aides sociales, la France et sa généalogie…

  4. tokyomonamour dit :

    « A ce moment, on peut prendre le problème dans l’autre sens:
    si, en tant qu’étranger, un citoyen lambda aide la communauté (en payant des taxes nationales et locales ou autre) et que la communauté refuse de l’aider… »

    Mon cher Ost, il faut pas renverser l’ordre des choses. C’est d’abord à l’immigré de prouver qu’il peut aider sa communauté d’accueil (payer des taxes ne suffit pas). Ensuite, et seulement ensuite, celle-ci le lui rendra. En ce sens, l’acquisition de la nationalité « par le sang » des engagés étrangers dans la Légion me semble entièrement justifiée.

    J’en profite aussi pour faire un chtit commentaire sur la double nationalité: Si d’un point de vue personnel, je trouve que c’est super pratique, que j’aimerai bien avoir deux passeports et que mon fils puisse choisir librement entre les droits de deux pays… D’un point de vue national, je suis contre. Gouverner c’est prévoir. Que se passe-t-il dans le cas d’une guerre entre les deux pays dont vous avez la nationalité? Il se passe ce qui s’est passé pdt la WW2 avec les japonais américains: Ces derniers deviennent des traitres envers l’un ou l’autre, et dans le pire des cas, on les soupçonne des deux côtés! Pire, s’il ne s’agit que d’une discrimination raciale passe encore (façon de parler), mais si vous refusez un ordre de mobilisation, vous serez considéré comme un déserteur avec toutes les conséquences juridiques que cela entraîne. Serez-vous poursuivi après guerre dans l’un des deux pays? Vos biens seront-ils confisqués?

    Toujours considérer le facteur guerre et protection armée de la communauté lorsqu’on parle de nationalité. Celle-ci se décide, au final, de manière simple: En cas de conflit, vous êtes de quel côté?

  5. Ost dit :

    C’était bien le sens de ma phrase (« d’abord aider la communauté ») mais ma conclusion était différente: que se passe-t-il si la communauté ne le lui rend pas…(Bon, quand je parle de communauté, j’entends Etat… ) et les combattants de la WW2, pour partir sur ce terrain, n’avaient pas tous droit à la même reconnaissance après coup.
    Pour ce qui est des Américains d’origine japonaise pendant la seconde guerre (qui en ont pris plein la tronche dans les camps américains), certains ont combattu dans l’armée américaine , essentiellement sur le front nord africain et européen. Et qui connait leurs faits d’armes ? Notamment sur le sauvetage du « bataillon perdu » . Pour ceux que ça intéresse : http://www.sfmuseum.org/war/issei.html

    Et je ne pense pas qu’en cas de guerre, ne pas avoir la double nationalité protégera quelqu’un. La suspicion fera le reste, non ?
    Dans tous les cas, pas de bol, ils en prendront plein la gueule ..et des deux côtés.

  6. Clarence Boddicker dit :

    Aide sociale aka Allocs.

    Typiquement le genre de sujet qui rameutera les français. En même temps, ça aurait pu faire encore plus de buzz avec une histoire de sans papiers africains, victimes indéniable de l’odieux racisme d’un système injuste – je paraphrasais Debito, ne m’en veuillez pas.

    Bon, je te laisse avec mes félicitations.

    En attendant, je vais aller réviser mes notions de « solidarité ».

    Clarence, trafiquant de carburant syndiqué à la CGT

  7. tokyomonamour dit :

    @Ost
    Effectivement la suspicion suffit largement à te faire flinguer. Pas besoin de passeport pour ça. On est donc d’accord sur un point: en cas de guerre, tout le monde l’a dans l’os…
    Et c’est aussi vrai, que la communauté ne te rendra pas nécessairement ce que tu lui as donné. Le traitement des soldats étrangers après guerre nous le montre. OK. Mais qui doit faire le premier pas? L’étranger qui veut s’intégrer ou sa communauté d’accueil?
    Je dirais que, comme dans une relation commerciale, c’est un peu le rapport de force. Qui a le plus besoin de l’autre? Si le pays a besoin de main d’oeuvre qualifiée, alors c’est au pays de favoriser l’accueil et les conditions de vie de l’immigré. Dans le cas contraire, c’est à l’émigré de faire des efforts en espérant que, tôt ou tard, on le lui rendra…
    Au Japon tu peux bénéficier d’un visa permanent pour services rendus à la Nation (pour le professions dites « illustres »: professeurs d’université, journalistes internationaux etc.) au bout de 5 ans de résidence au lieu de 10. Un bon exemple de relation donnant-donnant entre immigré et pays d’accueil.

    @Clarence
    J’espère que les récentes réquisitions n’ont pas mis à mal ton trafic de carburant et que tes notions de « solidarité » n’ont pas été trop chamboulé par ces émeutes, insurrections et autres cassages réalisés pour le « bien de tous ». Pas facile de remettre son vocabulaire à jour, tout change si vite.
    … Et merci pour les félicitations.

  8. MomixTN dit :

    Je crois que le débat que tu poses là est bien plus profond qu’il n’y parait.

    Tout d’abord, la naturalisation : est-elle possible au Japon pour quelqu’un qui ne se marie à une japonaise?
    Est-il « juste » qu’une personne ayant vécu au Japon (et donc, probablement donné sa jeunesse) pendant 78 ans n’ait pas cette aide? Pour un étranger qui arrive au Japon à 30 ans et qui souhaite bénéficier de cette aide à 40 ans, je trouverais cela normal. Mais pour une dame qui a vécu toute sa vie au Japon, cela me choque. L’appartenance de cette femme à la communauté est-elle définie par un certain « papier » ou par le nombre d’années, la culture et la langue pratiquée?

    Concernant la double nationalité, la question de la guerre ne se pose pas à mon avis. Si on a la double la nationalité, on « choisit » son camp en espérant faire partie des gagnants pour « limiter la casse ». Si on n’a pas la double nationalité, le choix est rarement offert. En fait, dans un monde aussi petit que celui d’aujourd’hui, la notion même de nationalité me parait faussée. C’est la notion d’homogénéité éthnique et sociale ainsi que l’intégration qui me parait plus importante.

    Prenons le cas de la France, les tensions ethnico-sociales sont elles causées par des « étrangers »? Non. Les étrangers sont-ils moins bien intégrés que certains français? Non. Personnellement, la nationalité je la vois sous les 3 angles suivants :
    - Une opportunité d’exercer un droit participatif (élections)
    - Une reconnaissance de ce que l’on a donné et continue de donner
    - Une obligation morale de se soumettre aux règles de vie en commun.

    C’est bien en cela que l’obtention de la nationalité dans la plupart des pays est à l’initiative de l’individu et non de l’état.

    Dans ces trois visions, rien n’empêcherait l’acquisition de nationalités multiples.

  9. Oxmo dit :

    Passionnant que ces considérations d’appartenance à une communauté.

    Tu parles de toujours considérer le facteur guerre et protection armée de la communauté lorsqu’on parle de nationalité, mais je pense que c’est particulièrement vrai pour le Japon, qui porte toujours en lui les traumatismes de la guerre, et qui malgré son incroyable développement économique depuis lors, ne se sent, au moins inconsciemment, toujours pas en sécurité vis a vis de ses voisins (qui ne sont pas des plus rassurant je le conçois).

    Et puis il faut distinguer 2 niveaux (au moins) de droits et de devoirs. Un effort en terme d’effort économique et de cotisations, qui donne droit en retour à des revendications financières si on a des difficultés, ne me parait pas être un abus. Plutôt logique même, sachant que certains droits suprêmes ne nous serons jamais accordés, celui de voter pour ses représentants, pour ne citer que lui.

    Dans nos contées ou la paix semble avoir décroché un CDI, le risque de guerre direct avec un pays tiers n’est qu’un doux fantasme, et selon moi la notion de service militaire en tant que devoirs du citoyen envers sa communauté est une notion qui tombe en désuétude. Je prend pour témoin la plupart des pays qui n’ont plus de service militaire, ainsi que le Costa Rica, qui a tout simplement supprimé son armée, pour concentrer ses efforts sur la protection de ses forêts. J’espère que cette certitude d’un avenir sure et pacifié n’est pas un excès de naïveté ou d’optimisme…

    Cela dit je m’égare un peu, je voulais surtout te féliciter pour ce blog remarquable. Je me délecte de tout tes articles, de ton style très agréable et épuré, de la richesse des sujets abordés, de tes analyses toujours très justes et poussées et surtout des quelques digressions métaphysiques ;D Je compte moi même m’expatrier au Japon prochainement et rapporter mes aventures dans un blog, je ne manquerais pas de me référencer au tiens!

  10. tokyomonamour dit :

    Salut Oxmo
    Le sujet de l’immigration au Japon est toujours controversé, surtout quand on voit notre ligne d’orientation sur le sujet en France. Pour faire simple et éclairer les non avertis, je décris souvent la situation comme cela: la politique d’immigration japonaise? Ouvrez un manifeste du FN, c’est pareil. Après, chacun voit midi à sa porte…

    En tout cas, je me ferais un plaisir de lire tes pérégrinations au Japon. Laisse un commentaire quand tu auras commencé tes aventures bloguesques.

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