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Villes nouvelles au Japon: Yukari ga oka

Posté par tokyomonamour le 14 septembre 2010

« Nous ne vendons pas des maisons, nous vendons une ville ». C’est ce que disait en substance le président de Yamaman hier lors de son interview à l’émission Cambria Kyuden sur TV Tokyo hier (Je suis fan du programme… Le présentateur, c’est Murakami Ryu qui est connu en France notamment pour son roman les « bébés de la consigne automatique »).

Comme en France, le Japon a construit dans les années 60 et 70 de nombreuses villes nouvelles dans le but de désengorger les centres urbains et de faire face à l’afflux de populations des campagnes. La plupart de ces villes nouvelles sont en train de se transformer en mouroirs pour personnages âgées… En effet, si en France les habitants des HLM et des villes nouvelles sont souvent partis pour acheter un pavillon en banlieue dans les années 80 et 90 et ont été remplacé par des populations plus jeunes, immigrées principalement, au Japon, il n’y a pas eu ce remplacement de générations et les entrants des années 70 sont actuellement en train de vieillir dans les mêmes appartements, causant ainsi la mort progressive du quartier.

La ville de Yukari ga oka, dans le département de Chiba, à Sakura, est une exception à deux niveaux.
yukarigaoka.jpg

D’abord, c’est un succès. Depuis la création du projet, en 1971, la population de la ville ne cesse d’augmenter (16 000 habitants aujourd’hui) et le taux de personnes âgées est actuellement inférieur à la moyenne nationale, à 17%, le renouvellement des générations est donc assuré. La ville qui s’étend sur 245 hectares, est divisée en zones d’habitation alignées en boucle autour d’un gigantesque parc qui sont desservies par un monorail plaçant tous les lotissements à moins de 10 mn à pied d’une station. La boucle se referme et rejoint alors une gare plus importante gérée par la ligne Keisei, à 45 mn du centre de Tokyo (Otemachi) . Autour ce cette gare principale, on trouve des commerces, des centres commerciaux, des crèches et, un peu plus loin, une université et des centres pour personnes âgées et handicapés. Bref, un exemple admirable de développement équilibré des diverses fonctions urbaines. Une société de gardianage spécialisée gère la surveillance de la zone (qui n’est pas barricadée, à la différence des lotissements US).

Ensuite et c’est là le plus surprenant, c’est que cette ville a été créée non pas sous la direction des services publics, mais sous la baguette d’une société privée, Yamaman , qui a, non seulement géré l’achat et les lotissements des terrains, mais aussi, la mise en place des infrastructures de toute la zone. Le monorail desservant les zones d’habitation a été financé et est géré par l’entreprise, la société de gardiennage, les maisons pour personnes pagées, les crêches, les activités de relations publiques pour attirer l’université ou les centres commerciaux… Tout est géré par cette société qui a su, avec brio, équilibrer les besoins et fonder une vraie ville socialement durable.

Le marché de l’immobilier est globalement géré par l’entreprise qui rachète les maisons des habitants à un meilleur prix que les agences immobilières si le vendeur rachète dans la ville (des personnes âgées quittant leur maison pour se reloger en appartement ou en maison de retraite surtout). L’entreprise rénove ensuite le bien et le met en vente sur le marché de l’ancien, contribuant ainsi à la diversification des strates sociales. Comptez aux moins 150 000 euros pour de l’ancien et dans les 300 000 pour du neuf, avec des variations selon le type de zone.

Et les autorités municipales dans tout ça? Aucune idée… Elles n’ont même pas été mentionnées une seule fois dans l’émission et leur site n’en dit pas plus…
Je sais que l’entreprise privée omnipotente façon Umbrella Corporation fait peur, surtout en France où l’on aime avant tout les sacro-saints « services publics ». Mais cet exemple de réussite urbaine organisée par une société privée dirigée par un président dotée d’une vision de long terme, doit donner à réfléchir.

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Tokyo et le désert japonais II

Posté par tokyomonamour le 13 septembre 2010

Je tombe aujourd’hui sur un article de courrier International traitant du thème du vieillissement et de la dépopulation urbaine au Japon: « Une bombe démographique prête à exploser » (numéro 1036). La ville de Kanna, dans le département de Nagano compte 50% de personnes âgées, 1285 sur 2532. A ce rythme la population tombera à 920 en 2035 avec 650 habitants de plus de 65 ans.

On m’a demandé quelques chiffres alors, je poursuis un peu sur le thème…

Ces problèmes de dépopulation touchent de plein fouet les communes rurales mais commencent, depuis les années 2000, à toucher les villes moyennes de province, et c’est ça la véritable nouveauté. Je dis ville moyenne, selon les critères japonais, bien sûr. L’exemple d’Okayama dont j’ai traité hier est une ville moyenne de 700 000 habitants quand même… Ce phénomène affecte évidemment directement les prix de l’immobilier avec des maisons bradées non loin du centre ville.
Le blog Immobilier Japon présente des chiffres et des exemples précis de la baisse des prix de l’immobilier dans les zones touchées avec des cas extrêmes comme cette maison à 11 000 euros dans la ville de Nagasaki. Il s’agit là d’ordre de prix que l’on connaissait aussi en France lors de l’exode rural, quand Paris drainait toutes les forces économiques nationales.

Tokyo connaît depuis quelques années le même phénomène que la capitale française. Les effets de la dépression causée par l’éclatement de la bulle au début des années 90 ont été le facteur déclencheur. Les provinces ont été touchées par la baisse progressive des subventions de l’Etat, notamment dans le secteur du BTP, les entreprises japonaises ont alors ouverts des filiales à Tokyo pour y compenser leur manque à gagner qui sont peu à peu devenues, dans de nombreux cas, plus importantes que les sièges en province.
Les populations suivent l’emploi et les infrastructures scolaires: les actifs ayant perdu leur emploi, les étudiants souhaitant obtenir la meilleure éducation dans un marché en crise, mais aussi les personnes âgées qui viennent à Tokyo pour bénéficier de services gériatriques de qualité dont ils ne peuvent plus bénéficier dans leurs villages ou leur villes… Toutes les catégories d’âges et d’origine géographiques se concentrent à Tokyo, sans parler des étrangers qui viennent évidemment s’y installer prioritairement (environ 800 000 sur 2,2 millions au total).

Et comme rien ne se perd et rien ne se créé, tout ce que Tokyo gagne, les villes de provinces le perdent, et elles périclitent à mesure que la capitale s’enrichit. Celle-ci bénéficie d’un solde migratoire positif en provenance des autres régions du Japon (413 000 entrées contre 357 000 sorties en 2009) et, selon les estimations démographiques, devrait préserver sa population jusqu’en 2035 malgré la baisse générale du nombre d’habitants au Japon. Désormais, tous les chemins mènent à Tokyo…

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Tokyo et le désert japonais

Posté par tokyomonamour le 12 septembre 2010

Lorsque le géographe Jean-François Gravier écrit son ouvrage Paris et le désert Français en 1947, il accuse la capitale de vampiriser le territoire français en drainant toutes les forces vives et la valeur du pays. Depuis, le rééquilibrage en faveur de la province a commencé, notamment grâce aux lois sur la décentralisation, à la création de villes nouvelles et à la revitalisation de nombreux centres urbains de province. Même si Paris conserve encore, et de loin, sa prédominance démographique, politique et économique, Lyon, Marseille et Lille, les suivantes traditionnelles, mais aussi, Nantes, Toulouse, Montpellier ou Bordeaux, prennent peu à peu de l’importance alors que le solde migratoire de la région île de France est déficitaire.

Le Japon a suivi le chemin exactement inverse. Durant l’après guerre et jusqu’au milieu des années 90, Tokyo a globalement suivi la croissance démographique des autres villes régionales du pays, avec un léger avantage mais pas énorme. Cependant depuis la mi 90, La région capitale (Tokyo, Saitama, Kanagawa et Chiba) draine de plus en plus de populations jeunes de province et, la population globale déclinant, gagne donc en importance. En 2009, la région capitale est la seule zone, avec Aichi et Okinawa, a avoir eu une croissance démographique positive. La région capitale compte actuellement près d’1/3 de la population japonaise, soit environ 34 millions d’habitants.

Le résultat? La désertification progressive des provinces.
J’étais ce WE en visite à Okayama, le chef lieu du département du même nom dans l’ouest de Honshu, entre Kobe et Hiroshima. J’ai profité de mon après midi pour visiter la ville et améliorer mes critères de repérage des villes en déclin (critères purement empiriques développés durant mes promenades urbaines).

1. Le nombre de personnages âgées dans les rues.
Les vieux, ça consomme mais ça ne produit pas. Leur nombre est l’indice le plus sûr de repérage avancé de déclin urbain.
2. Le nombre de panneaux à louer
Dans un marché immobilier dynamique, dans une ville qui attire des actifs, les panneaux à louer à vendre n’existent pas. On a pas le temps de les poser que déjà les locataires se pressent au portillon.
3. Le nombre de parkings extérieurs en centre ville
Un immeuble, ça coute cher en entretien et en impôts fonciers. Si il n’y a pas de locataires, mieux vaut détruire le bâti pour en réduire les frais et transformer le terrain en parkings. Ça ne rapporte pas beaucoup mais ça permet de ne pas être en trou.
4. Le nombre de bâtiments abandonnés
Les propriétaires n’ayant même plus les ressources financières nécessaires pour détruire leur immeuble et convertir le terrain en parking, le laisse tomber en ruine. Des quartiers entiers se transforment en ville fantôme façon Détroit.

Okayama en est au stade 3. Enormément de parkings extérieurs à moins de 15mn à pied de la gare centrale (qui est une gare shinkansen), même sur des terrains en intersection de rue (les meilleurs car il y a le plus de fréquentations). Quelques bâtiments abandonnés mais pas trop visibles encore. Des studios en location à partir de 300 euros et des maisons individuelles en vente à partir de 70 000 euros. A Détroit, au stade 4 de la décadence urbaine, vous pouvez rachetez des maisons pour 1000 dollars… Au Japon aussi vous pourrez bientôt acheter des appartements et des maisons dans des villes de province de taille moyenne pour une bouchée de pain. Avis aux amateurs.

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Steak de dauphin et relativisme culturel

Posté par tokyomonamour le 10 septembre 2010

Du dauphin en sashimi avec de la sauce de soja et du sésame, du dauphin en ragout à la sauce miso ou encore, mon préféré, du dauphin en steak, bien grillé… Le dauphin est souvent assimilé à la baleine au Japon et on en mange dans plusieurs régions de l’archipel. Sa chair est moins tendre que celle du cétacé et le prix au kilo est généralement inférieur (autour de 10 000 yens le kilos pour de la baleine bon marché) mais il y a une grande variété de préparations culinaires.

La chasse au dauphin est passé sur le devant de la scène avec la sortie du film The Cove, l’an dernier qui montre des « eco-terroristes » (softs quand même par ce qu’ils feraient pas la même chose en Russie ou en Chine… Courageux mais pas trop…) ou « défenseurs de l’environnement » filmant des pêches au dauphin et tentant de sensibiliser les japonais aux souffrances des mammifères. J’aime beaucoup la présentation du documentaire, allez le voir il est en lien, où l’on voit une flopée d’acteurs et d’actrices américains se fendre de leurs petits commentaires larmoyants.

Le 2 septembre dernier, 70 volontaires de l’association Action pour les dauphins se sont rassemblés à Tokyo pour remettre une pétition à l’ambassade américaine à Tokyo, afin que celle-ci fasse pression sur les autorités nippones pour qu’elles convainquent les japonais d’arrêter de se nourrir de la chair des cousins de Flipper…

J’aime bien les dauphins (sans mauvais jeux de mots…). C’est mignon, ça a l’air plutôt intelligent et je suppose qu’ils ont un rôle important dans l’eco-système marin. Mais je ne peux m’empêcher de me demander comment réagirait mon oncle, dans sa ferme du sud-ouest, si un groupe de japonais condescendants venait le voir pour lui demander, avec force de panneaux, de militants et de camions de médias internationaux, d’arrêter immédiatement le massacre des oies et des canards de la région, d’arrêter de torturer ces pauvres bêtes en les gavant jusqu’à ce mort s’en suive, et de fermer boutique sur le champ !? Je pense que mon oncle irait chercher son fusil dans la remise et renverrait ces bridés prétentieux à Tokyo à coup de pieds dans les fesses. C’est ce que les japonais auraient du faire.

Le relativisme culturel, c’est apprendre à accepter que tout le monde ne partage pas ses opinions. C’est comprendre que la morale, les principes, la religion et la philosophie sont des concepts valables uniquement par rapport à sa propre éducation et à sa propre culture. Il existe des valeurs universelles, mais elles sont extrêmement restreintes et ne concernent que des règles de vie en société (ne pas tuer, ne pas voler etc… sans ces principes, les communautés humaines ne pourraient survivre). Tout le reste est relatif. Et vouloir imposer des concepts relatifs, ça veut dire imposer ses opinions aux autres. En français, cela porte un nom: l’intolérance.

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Conversions urbaines: une Ecole primaire convertie en Ecole indienne

Posté par tokyomonamour le 9 septembre 2010

Le Japon vieillit, et il vieillit vite. Le nombre d’enfants de moins de 15 ans ne cesse de décroître depuis 29 ans et ne représente plus que 13% de la population contre 23% pour les plus de 65 ans. Cette tendance de long terme engendre des problèmes sociaux et économiques fondamentaux, les plus importants étant, comme en France, ceux des retraites et du système de sécurité social.

Mais il en est un autre, c’est celui des infrastructures éducatives. Moins d’enfants, donc moins de besoins en professeurs et en établissements scolaires. Certaines écoles sont abandonnées surtout en province, laissées au quatre vents, condamnées à disparaitre à terme sous les herbes folles.
Certaines fusionnent avec celles du département ou de la ville voisine. Un mouvement accentué depuis la loi sur les regroupements des collectivités locales de 2005 (Gappei shinhou), un mouvement historique puisque, depuis la création des collectivités locales au Japon en 1889, leur nombre ne cesse de diminuer, de quelques 71 000 à l’époque à 1 820 aujourd’hui. A la différence de la France, l’intercommunalité est peu utilisé, les collectivités locales préférant généralement la fusion au partenariat.

L’arrondissement de Midori, dans la ville de Yokohama subissait également la baisse de la natalité du département de plein fouet. L’une des écoles de la zone, devant faire face à la baisse des élèves, allait être amené à fusionner avec une école voisine, et les autorités municipales ont décidé, en 2005, de lancer des discussions avec les habitants pour réfléchir à l’avenir de l’établissement. Plusieurs projets de community house et d’espaces de convivialité de quartiers ont été lancé mais ont été finalement écartées au profit d’un autre, bien plus dynamique pour la ville: la reconversion de l’établissement en école internationale proposant des cursus scolaires indiens. En effet, les ingénieurs et les informaticiens des technologies de l’information indiens sont de plus en plus en plus nombreux à travailler dans les entreprises de Yokohama et, pour encourager leur implantation, la ville a décidé de favoriser ce projet en créant la deuxième école internationale indienne, après celle de l’arrondissement d’ Edogawa à Tokyo, et de mettre en place des mesures d’aide à la scolarisation et à l’apprentissage du japonais. L’école à ouvert ses portes en 2008 et accueille tous les cursus scolaires réglementaires appliqués en Inde, du primaire au lycée.

Une immigration contrôlée et sélectionnée, un projet urbain et social de suivi des familles et une réutilisation du patrimoine bâti de la ville dans une approche vivante et constructive… Voilà une politique intelligente qui profite, non seulement aux immigrants, mais aussi aux habitants du quartier et qui contribue à améliorer le statut international de Yokohama. Une relation gagnant-gagnant viable sur le long terme. Le genre de politique qui manque en France.

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