Whisky et préjugés
Posté par tokyomonamour le 22 septembre 2010
Alors que je pendais mollement au bout de ma poignée dans une rame de train de la Yamanote ce matin, je tombe sur une affichette de pub pour Torys, le dernier highbowl de Suntory (un whisky soda un peu fadasse… Faut aimer).
Ce n’est pas la boisson qui m’a sorti de ma torpeur matinale mais la pub en elle-même.
Dans les bulles (pas dans celles-là, là haut, c’est la même structure mais le contenu du texte est différent), il y avait écrit, côté mâle « Hmmm, c’est bon après le travail! » et côté femelle « Hmm, c’est bon après s’être bien amusé ».
Et on retrouve le stéréotype « Homme-portefeuille », « Femme au foyer dépensière » qui a le don de m’énerver régulièrement… Le Japon est un pays extrêmement développé à de nombreux niveaux, technologie, mode, tendances sociales (essayer de vous habiller ou de vous comporter comme un groupe de Gyaru à Paris…), mais au niveau du mariage et du travail, ça reste un peu le moyen-âge. Et c’est surprenant! Par ce qu’il y a quand même 1 divorce pour 3 mariages au niveau annuel, et par ce que les freeters (emplois précaires) composent désormais plus de 35% de la population active.
Le paradoxe n’est pas simple à expliquer mais je pense que le phénomène repose essentiellement sur trois facteurs: Inertie, décalage et pouvoir d’achat. Même si la réalité sociale change, les moeurs et les coutumes qui ont été modelées dans le passé perdurent (inertie) un certains temps après la disparition de leurs fondements sociaux (décalage). Et puis, en général, ceux qui sont les tenants des anciennes coutumes, les conservateurs, tiennent aussi souvent le nerf de la guerre de la consommation, l’argent. Du coup, les stratégies commerciales continuent à se concentrer sur cette frange de plus en plus minoritaire mais détenant, proportionnellement, de plus en plus de capital (facteur pouvoir d’achat).
Les japonais eux-mêmes sont victimes de ce conservatisme qui a pourtant de moins en moins de raison d’être.
Il y a quelques mois, j’avais eu un commentaire vécu très pertinent sur les rapports argent/couple que je reproduis ici. J’espère que depuis, ça se passe un peu mieux…
« Lorsque les revenus ne répondent pas aux espérances de l’épouse, tout est prétexte pour devenir dispute et cela peut aller très loin pour pas grand chose, par contre, lorsque l’argent coule à flot, alors là, paradoxalement, tout passe comme une lettre à la poste, même les comportements qui donnaient lieu à des remontrances. J’en suis arrivé à la conclusion que les différences culturelles ou d’éducation, et les problèmes sentimentaux, c’est bien peu de choses.
Dans ces conditions, mener une introspection méditative ne sert à rien. Autant gagner du temps en sortant un peu d’argent du porte monnaie »
Décidément, pas toujours facile les rapports de couple et le travail au Japon.
« Etre a deux c’est passer son temps a résoudre des problèmes que l’on n’auraient pas eu tout seul »
Alors je répondrai aussi avec du Sacha Guitry: « Les hommes n’ont que ce qu’ils méritent, les autres sont célibataires. »