La Drogue au Japon
Posté par tokyomonamour le 31 août 2010
C10H15N, diluants à peinture, marijuana … Le triptyque des drogues les plus usitées au Japon.
Le Japon est connue pour avoir peu de ressources naturelles. C’est faux. Le Japon a longtemps été exportateur de minerais (or et argent) pendant l’époque d’Edo, il a exploité du pétrole à l’ère Meiji et taisho et sa géographie naturelle en fait un pays riche de la plus précieuse des ressources futures: l’eau.
Le Japon, doté pourtant d’une foisonnante végétation, n’est cependant pas riche de plantes psychotropes. A la différence de l’Afghanistan et de son pavot, de la Colombie et de sa coca ou du Maroc et de son cannabis, historiquement et culturellement, les japonais n’ont jamais (à ma connaissance du moins) cultivé de stupéfiant naturel.
C’est peut-être la raison pour laquelle un japonais, Akira Ogata , a inventé la métamphétamine en 1919. D’abord utilisé comme stimulant militaire, tant par les japonais que par les allemands, elle fut interdite après guerre pour ses effets secondaires. La métamphétamine… Principale composante des « stimulants » (kakuseizai) . C’est celle dont on parle le plus dans les médias et dans les cercles pensant le bien public dans le pays. Régulièrement, des stars du show business se font arrêter pour consommation de met. On dit que la Corée du Nord est l’un des principaux producteurs de la met (Regardez la série Breaking bad pour plus de détails sur ce produit si particulier) consommée au Japon mais rien d’officiel là-dessus.
Argot notable: philopon, du nom du produit commercialisé par le fabricant de met militaire durant la guerre, Dainippon Sumitomo Pharma Co.,Ltd., une filiale du zaibatsu Sumitomo…
Le diluant à peinture. La drogue du pauvre, du déclassé, du lycéen yankee ou du jeune bosozoku. Consommation très large impossible à recenser. Les produits sont certes contrôlés, mais largement utilisés dans l’industrie.
Argot notable désignant les consommateurs: Anpan (le consommateur met le diluant dans un sac qu’il inhale ensuite. On dirait alors qu’il est en train de manger un anpan, un gâteau aux haricots rouges local…).
Enfin la majijuana. Très peu répandue jusqu’à récemment, elle a connu un bond de la consommation depuis quelques années. Les chiffres du livre blanc du ministère de la justice montrent une augmentation de la consommation de 14% par rapport à l’an dernier avec 4000 cas recensés contre une baisse de 10% pour la met avec 18 000 cas recensés.
En 2008, deux Sumos d’origine russe se sont fait tapé sur les doigts pour avoir consommé de l’herbe. Ils ont été expulsé de la fédération de sumo pour avoir porté atteinte à l’honneur du sport national et, malgré la procédure d’appel, ont été débouté en avril 2010…
Argot d’usage: Choko (par ce que ça ressemble à un carré de chocolat) pour le shit et Happa pour l’herbe (traduction littérale).
Les débats publics sur la drogue au Japon sont dogmatiques, sans nuances, basés sur une approche moraliste et autoritaire du bien public. Ni la loi, ni la pratique ne fait de différence entre consommation et revente et si, à la différence de la Thaïlande ou vous risquez la peine de mort pour avoir dealer, vous ne serez pas pendu, vous risquez tout de même de la prison ferme, puis l’expulsion du pays (le principe de la « double peine » ne fait pas débat ici). Un conseil donc pour les étourdis: n’oubliez pas un sachet d’herbes au fond de votre sac avant de venir visiter le Japon… Vous pourriez le regretter.
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